Dyspraxie
« Dyspraxie ou immaturité praxique ? La thérapie psychomotrice comme outil diagnostic »
Lire l’article de Jean-Marc Sartori (revue THERAPIE PSYCHOMOTRICE -et recherches- n°165)
Nous entendons de plus en plus parler de ce fameux concept de « dyspraxie », que ce soit dans les milieux scolaires ou thérapeutiques.
La maladresse, des difficultés d’écriture ou de géométrie peuvent amener au questionnement suivant :
« mon enfant est-il dyspraxique ? »
Mais comment répondre à cette question, qui peut y répondre et surtout qu’en faisons nous, transforment souvent la démarche en un chemin de croix sur lequel le parent avance difficilement, et avec lui l’enfant.
Il nous a semblé important de tenter d’éclairer ce sujet afin de faciliter la compréhension de la dyspraxie, ainsi que la façon d’accompagner l’enfant qui en souffre.
Psychomotricité et Dyspraxie
La dyspraxie est un trouble neurologique qui invalide les individus dans leur capacité à organiser des gestes volontaires.
L’importance des conséquences liées à cette pathologie, notamment sur le plan scolaire, fait qu’il est fondamental de bien encadrer les enfants qui semblent en souffrir.
Le psychomotricien est un spécialiste du mouvement : à travers le bilan psychomoteur, il peut évaluer les compétences psychomotrices nécessaires au bien être, à l’adaptation et à la réussite scolaire.
Le psychomotricien peut, dans le cadre de la rééducation, créer des mises en situation spécifiques qui permettent à l’individu d’apprendre à découvrir et maîtriser son corps.
La capacité à organiser efficacement des mouvements volontaires est une compétence psychomotrice qui se développe progressivement chez l’enfant ; Or, il arrive que cette compétence ne se soit pas développée efficacement, entraînant une certaine maladresse, notamment dans le graphisme.
Pour certains enfants, les mécanismes praxiques sont présents mais endormis, non révélés, et pour d’autres, les troubles praxiques sont liés à une vraie difficulté neurologique, fonctionnelle.
Immaturité praxique ou dyspraxie ?
Dans le cas de difficultés praxiques, le seul moyen de faire la différence entre une immaturité psychomotrice (l’enfant possède les compétences mais elles ne se sont pas encore exprimées) ou une dyspraxie (handicap lié à une altération de la capacité à organiser efficacement des gestes ou à construire une perception spatiale adaptée), est de lui proposer des séances de psychomotricité. L’enfant pourra être placé de manière ludique dans des situations spécifiques visant le développement de la maîtrise praxique.
Parallèlement, un bilan orthoptique sera souvent nécessaire pour parfaire le suivi.
Une fois ce temps de rééducation effectué (qui peut être de quelques mois), soit l’enfant a massivement progressé et les troubles praxiques disparaissent, soit les troubles sont encore très présents, il est alors temps de faire passer un bilan ergothérapeutique : ce professionnel est un spécialiste du handicap et des moyens à mettre en oeuvre pour permettre à l’enfant un maximum d’autonomie.
Dans le cas de la dyspraxie, l’aide ergothérapeutique prendra la forme d’un apprentissage de l’outil informatique, permettant de pallier aux difficultés gestuelles. Le suivi psychomoteur pourra se poursuivre par ailleurs afin de continuer à améliorer les compétences psychomotrices, mais le quotidien de l’enfant sera facilité par l’outil informatique, contournant les difficultés praxiques et ainsi offrant à l’enfant une meilleure accession aux apprentissages scolaires.
Conduite à tenir
Lorsqu’il y a un doute par rapport aux capacités praxiques d’un enfant (maladresse, mauvaise écriture, problème de repérage spatial,…), le parent doit en parler à son médecin pour que celui-ci prescrive un bilan psychomoteur. Le psychomotricien pourra alors aider le parent à faire la part des choses, et de toute façon proposer à l’enfant l’outil qui lui permettra de faire le plus de progrès possible en un minimum de temps.
La plus grande erreur qui peut être aujourd’hui commise est de trop vite considérer les difficultés d’un enfant comme étant liée à un handicap.
L’enfant qui grandit suit une loi de développement complexe : certaines notions ne sont pas assimilées au même rythme, fonction du potentiel de base, de l’environnement et des choix de l’individu.
Lorsque l’enfant présente une difficulté, bien souvent sur un terrain scolaire de plus en plus exigeant, il peut être tentant de vouloir faire en sorte qu’il suive le rythme. Dans le cas des difficultés d’écriture ou de perception spatiale, l’ordinateur peut paraître une solution à court terme séduisante. Mais mettre en place cet outil trop rapidement fait prendre le risque d’empêcher toute évolution positive des troubles.
Conclusion
Le psychomotricien est un spécialiste de la dyspraxie, tant en ce qui concerne son dépistage que sa rééducation.
Il est le maillon fondamental dans la chaîne d’action thérapeutique qui permet, à partir des troubles praxiques que présente un enfant, de faire la différence entre la vraie dyspraxie, et la très fréquente immaturité praxique.